La pyramidale 2017
Ou retour sur une victoire inattendue…

Cela faisait déjà plusieurs mois que nous en parlions et que nous avions projeté de participer ensemble (père et fils) à cette course de 4h par équipe de deux coureurs, le principe étant de se relayer à l’issue de chaque tour parcouru sur un circuit de 8 à 11 km suivant les années.

La météo annoncée la semaine précédant l’évènement avait finalement eu raison de notre engouement (pour ma part en tout cas, car Arthur nourrissait encore secrètement le désir d’une participation) et nous en avions fait part à certains d’entre vous.

Samedi soir (veille de la course), après un après-midi bien arrosé, la météo affiche une fenêtre ensoleillée pour la journée du dimanche. Pour ma part, pas plus motivé que la veille et inquiet de l’état du terrain, je cède néanmoins à la pression d’Arthur et appelle un ami organisateur pour m’enquérir des conditions de course et du profil du circuit. Ce dernier m’informe que malgré les pluies du samedi le terrain est humide mais plutôt en bon état (pas de bourbier), par contre l’Edition des « 25 ans » s’annonce très technique avec un circuit réduit à un peu moins de 8km et où toutes les « parties roulantes » sont passées « à la trappe ».(bref pas de repli possible et des enchainements à faire exploser le cardio). J’exprime toujours ma réticence à m’engager auprès d’Arthur et qu’à cela ne tienne, SA décision est prise, avec ou sans moi, il participera en catégorie SOLO, sans relais et pour une épreuve d’au moins 4h.
Je tente cependant, sans le dissuader, de lui décrire ce que cela implique en termes de durée d’effort, d’intensité, de gestion de l’alimentation et de la prévention des crampes… Mais, dans sa tête tout est clair, ça va le faire !
Le temps de préparer tous le matos (pneus, roues, atelier de campagne, tonnelle, logistique…) nous voilà alors en mode course.

Dimanche matin nous procédons donc à l’inscription d’Arthur à la course SOLO et il se voit remettre sa plaque de cadre distinctive des « Duos » équipée de sa puce électronique.

Nous installons notre base logistique près de la zone de ravitaillement et Arthur s’échappe, à la fraiche, pour une première reconnaissance des endroits « chauds » du circuit. Pendant ce temps je termine notre installation et sa maman arrive avec le ravitaillement. Arthur revient enfin, après 40 mn, serein, rassuré.

  • « OK ça passe, partout, même la descente du lac»(qu’on avait jamais tenté).


Sur le circuit les commentaires vont bon train, les « pro » enchainent les passages et se chauffent sur home trainer, des occasionnels sont inquiets et impressionnés par la difficulté de certains passages.

Les stratégies se mettent en place chez les DUOs :

- qui sera le premier relayeur ? Qui assurera le départ et son fameux « start loop » prévu pour délayer une meute en furie avant les premiers goulets ?

Pour Arthur c’est plus simple, il part, il roule, et il s’arrête quand s’est fini !

Nous avons ensuite l’excellente surprise de voir arriver Guillaume, en voisin, pour encourager Arthur, ça discute sérieux et les conseils sont les bienvenus. Arthur est très, très concentré.

Ça y est, on y est 12h00 : briefing officiel (secu, fairplay, règlement…) et timing

12h15 mise en grille des équipes DUO pour un départ style « 24h »

12h30 départ des DUOs (près de 200 équipes)

12h35 départ décalé pour les SOLOS.

L’heure fatidique du départ approche. Le départ « à bloc » des DUOs est l’occasion de chutes (normal à 200 sur un départ groupé, ça frotte un peu). Puis c’est l’heure pour les SOLOs de se mettre en place sur la grille de départ. Ils sont 60 à s’aligner cette année (3 fois plus que l’an dernier) et les organisateurs s’étonnent de la présence d’Arthur dans ce peloton.

12h35 le départ est donné, les coureurs s’élancent, Arthur est dans le coup et prend tout de suite le bon rythme sans se faire « enfermer ». Un bon départ en somme !

Nous le reverrons 35 mn plus tard après un premier tour.

Tout va bien l’Adrénaline du départ est un peu retombée, arrêt express au ravito, les sensations sont bonnes, comme prévu c’est dans le technique que les places se gagnent, le bonhomme est bien, la machine est OK, 2 mn chrono ça repart tout de suite sous les regards médusés des spectateurs qui comprennent que SOLO ça veut dire « tout seul ».

Pendant ce deuxième tour, je m’aventure sur le circuit pour faire quelques images dans les pentes, il y en a de tous les styles : propre, en vrac, à pied, Kamikaze…

D’un coup j’entends le signaleur de l’organisation placé à l’entrée de la zone, annoncer à son collègue placé plus bas : « v’là l’cadet SOLO ».

Je suis bien placé pour voir passer Arthur, imperturbable, concentré. On échange quelques mots, tout est OK !

Je rate son deuxième passage au ravito mais sa maman me racontera qu’il est bien et DETERMINE.

Arthur fera preuve d’une régularité surprenante sur ses 3 premiers tours avec des temps de passage quasi identiques.

Apres 2h30 de course, la pluie s’invite sur le parcours et modifie très nettement les caractéristiques du terrain, les signaleurs invitent les coureurs à la prudence, ça freine moins, ça glisse plus, ça bouchonne parfois, ATTENTION.

Arthur reste « droit dans ses bottes cales» et ne se désunit pas. Je me suis déplacé sur le parcours et j’ai des nouvelles d’Arthur par des copains coureurs qui l’encouragent au grès des dépassements et qui m’annoncent son passage imminent. « C’est bon, Arthur arrive, il est dans ma roue, je viens de le passer » c’est sympa !

La dernière heure de course approche, la pluie a cessé, je suis à nouveau sur la ligne au niveau des stands. Arthur arrive, un peu marqué, mais ça va, le plus dur c’est maintenant. La fatigue commence à éprouver les organismes, des coureurs perdent en lucidité et les chutes se multiplient.

Les mécaniques souffrent également, bris de chaines, de dérailleurs, roue HS et les concurrents devenus piétons rentrent aux stands en poussant leur monture.

Un organisateur s’approche maintenant de moi pour me parler d’Arthur et prendre de ses nouvelles, je lui explique que tout est Ok, qu’il en bave, mais que ça va ! Il me le confirmera en m’indiquant qu’Arthur a été vu à l’autre bout du circuit à « l’attaque » dans une pente au milieu des « piétons »à coté de leur vélo.

16h10 : heure H moins 20mn

Arthur repasse sur la ligne, mais les premiers sont encore derrière lui et devront repartir pour un tour supplémentaire (les meilleurs tournent en 23/25 mn).

Je l’informe du déroulement de la course et qu’il va falloir repartir pour un 7eme tour.

Le Physique tient le coup (aucune crampes, grâce à maman qui lui change son bidon à chaque tour), le moral tient, lui aussi, et malgré tout, le coup. Je « check » la transmission, lubrifie et GO ! Ça repart.

Beaucoup de coureurs sont bien plus « mal » qu’Arthur qui enchaine les passages techniques très proprement. 16h45/16h50 Arthur termine son dernier tour et nous surprend tous à sprinter dans les dernières boucles du circuit juste pour le plaisir de gratter encore quelques place à la lutte avant la ligne.

Il passe enfin cette fameuse ligne après presque 4h30 de course. Aucune chute, aucune casse mais grosse fatigue. Il est allé au bout !

Apres un brin de toilette et le démontage de notre stand, c’est l’heure des résultats et les récompenses aux différentes catégories s’enchainent.

Au tour des SOLOs d’être récompensés et soudain le nom d’Arthur retenti dans les enceintes en tant que vainqueur SOLO dans sa catégorie.

En somme : une belle journée qui se termine d’une belle manière.

Je pense qu’il n’a pas fini de me « chambrer » sur mon désistement mais qu’importe, il nous a tous fait plaisir en allant au bout de cette épreuve et en gérant au mieux tous les paramètres.

A suivre…