Je vous relate mon week end un peu particulier :
Gros morceau pour moi ce week end car je participais à mon premier triathlon à Beauvais, et pas des moindres : un half, ou L (1,9 km de natation, 90 km de vélo, 21 km de course à pied)
Il y a un an, participer à cette discipline était un vague objectif personnel, sans doute irréalisable, ne sachant pas vraiment nager. Et puis, il y a eu cette soirée au Roc d’Azur en 2016 ou certains (j’en étais) ont tapé sur la table en se promettant de participer au prochain Tri-Roc, triathlon M hybride (1,5km de natation en mer, 25km de VTT, 11km de trail). 1 an pour préparer cet objectif de fou…
Dès novembre, je me suis attelé à la principale difficulté, et me suis inscrit à des cours de natation pour adulte. 1er cours et 1er diagnostic : c’est loin d’être gagné. Nage complètement inefficace, j’arrive exténué après 25m d’une variante très personnelle du crawl. Bon, je suis là pour apprendre. 6 mois plus tard (~50 séances de pratique), je passe un premier seuil psychologique : essai et achat d’une combinaison néoprène pour un test en eau libre, à Rieulay. Malgré l’aide apportée par la combinaison, mes repères de nage en piscine (en conditions idéales) sont perdus et c’est presque une remise à zéro. Dans quel merdier je me suis fourré. Il faudra une deuxième séance à Rieulay pour me rassurer et retrouver quelques repères. Mais rien n’est gagné : le Tri-Roc se passe en mer. Eau salée, vague… largement de quoi revenir à mes début…
Par ailleurs, en discutant avec un ami de mon intention de participer au semi-marathon de Phalempin début juillet, celui-ci me proposa de faire celui de Beauvais à la place. « Tu verras, c’est pareil, avec juste un peu de natation (2km) et de vélo (90km) avant ». Me voilà donc embarqué dans un nouveau défi bien plus proche (je pensais avoir 3 mois de plus pour me préparer)
Prêt ? Pas prêt ? Aucune idée. Les seuls repères qu'on me donne sont unanimes : je suis fou de me lancer sur cette distance pour un premier triathlon. Mais bon, j'ai tapé, il faut y aller… Je me rassure en me promettant de le faire en mode cool, sans pression (mais facile à dire…)
Dimanche, jour J. départ vers 5h30, après avoir passé une bonne partie du samedi à organiser mon déplacement : c'est fou ce qu'on doit emmener comme matos… Arrivée sur place, et premiers marquages. Je porte le numéro 447 un peu partout (jambe, bras, vélo, puce, casque, dossard, bonnet de bain…). L'entrée dans l'enceinte est hyper contrôlée : vérification de la conformité des équipements (nombre de points d'attache au porte dossard, présence de bouchons au guidon…). Je m'installe sur la chaise qui m'est attribuée, et cale mon vélo sur l'emplacement juste à côté. J'ai juste quelques minutes devant moi pour organiser mes affaires et enfiler la combinaison néoprène, la tri-fonction par dessous. Après un briefing, nous partons sur le lieu de départ du plan d'eau. Quelques minutes encore et c'est le coup de sifflet. Tout le monde cours vers l'eau, je suis pris dans le mouvement. Parti derrière, je ne me retrouve pas directement sur le champ de bataille, mais suffisamment toutefois pour perdre tous mes moyens, après quelques mouvements de crawl. Le stress de la situation, la bagarre (mesurée), l'entrée brutale dans l'eau font que le cadio grimpe en flèche. Plus de souffle, me voilà obliger de brasser, avec difficulté, et les premières idées concernant un abandon me traversent l'esprit. Je vois s'éloigner le troupeau de nageur, et ne reste que quelques individus en difficultés, comme moi. Un plongeur de l'organisation vient même à proximité, me donnant quelques conseils : "respirez monsieur, soufflez…". Je visualise très bien ce qu'il me faudrait : faire la planche pendant quelques minutes, histoire de me calmer, et repartir. Mais je n'ose pas, au vu du ridicule de la situation, 100m après le départ... Il me faudra environ presque 1000m d'une brasse peu académique pour retrouver mes marques et commencer à crawler, voire à doubler des participants. Du coup, la confiance revient, voire le plaisir de glisser dans l'eau. Le parcours se fait en 2 boucles, avec sortie "à l'australienne", c’est-à-dire un petit passage sur le sable. Je regarde ma montre pour estimer les dégâts, mais ce n’est pas si catastrophique que cela, et le spectre de la barrière horaire s'envole. C'est bon, sauf accident je ne serais pas éliminé sur cette étape. La deuxième boucle est beaucoup plus agréable, mais aussi beaucoup plus zigzagante… forcement, nager avec la tête hors de l'eau facilitait le maintien de la trajectoire.
La sortie de l'eau est maintenant proche, et me voilà mono-athlète, après 50mn de nage ! La transition entre l'eau et le vélo s'appelle la T1. Là où les premiers mettront moins d'une minute, j'en prendrais plus de 8 (pas loin du pire temps), en marchant, en me séchant, en m'asseyant pour enfiler mes chaussettes et chaussures, en mangeant. J'avais sans doute l'air d'un extra-terrestre car 2 organisateurs viennent vers moi pour voir si tout allait bien et pour m'encourager, étonnés en apprenant qu'il s'agissait de mon tout premier tri.
Je pars à pied avec le vélo, en ayant pris soin de bien accrocher le casque, sous peine de subir une pénalité. Et c'est parti. Encore mouillé, il fait froid. J'ai pris mes manchettes avec moi, j'ai bien fait (mais je suis sans doute le seul). Le circuit se compose de 3 boucles de 28 km, en forme de 8, avec le ravitaillement au milieu. 950m de dénivelé au total. Première surprise en ce qui me concerne : je m'attendais à un ravitaillement en mode brevet (tranquillou) et ici, on me tend les gourdes ou les gels en passant. Bon, va falloir que je sorte de mon mode "touriste". Particularité du triathlon, pas de drafting permis. Il faut laisser à minima 12m entre chaque participant, histoire de ne pas profiter de l'aspiration ou de l'abris du vent. Et les juges qui circulent au hasard veillent. Je m'étais habitué ces derniers temps à rouler seul ou avec le groupe, mais un peu en retrait ou en décalé.
Mieux qu'en natation, je rattrape petit à petit quelques concurrents. Mais après 10 km, les premiers bolides commencent à me doubler, avec un tour d'avance. De drôles de machines avec lesquelles je ne peux pas rivaliser. La bruine commence à tomber, et se transformera en bonne pluie un peu plus tard. Le parcours en devient glissant, et j'assiste devant moi à une belle glissade d'un de ces bolides, à 2km de son arrivée (j'avais encore un tour à faire). Ne sachant comment serait la suite de l'épreuve, je reste prudent sur mon allure, sachant que quelques signes avant-coureurs de crampes sont déjà apparus à la natation. Sans grande difficulté, je termine la partie cyclisme en 3h10. A ce stade, je suis un biathlète !
Le retour au stand se fait avec attention, un protocole bien particulier étant à respecter sous peine de pénalité. Je passe quelques longues minutes à me rééquiper (chaussettes mouillées…) et repart tranquillement en cherchant la sortie du parc. Fin de la T2 et début de la course à pied.
Etrangement, je m'attendais à avoir des difficultés à courir, mais ce ne fût pas le cas, ne m'étant pas cramé à vélo. Mais il reste encore un semi à faire. Cela ne me fait pas peur, mais les crampes ne sont pas loin, et le cardio plus élevé que d'habitude. Je décide donc de courir au cardio, en n'essayant pas de suivre un rythme trop ambitieux. Le parcours se compose de 3 boucles de 7km autours du plan d'eau. C'est assez sympa, car l'on croise l'ensemble des participants. Un collier vient récompenser chaque tour, et les chanceux équipés de 2 colliers sont proches de la fin. Ce n'est pas encore mon cas… Passés quelques kilomètres où je me sens encore frais, je viens rejoindre la masse de visages ou la souffrance s'exprime… Les crampes se sont maintenant bien installées, et je profite des nombreux ravitos pour m'arrêter, boire, manger et m'étirer.
Après 6h23, je passe la ligne d'arrivée en finisher, fier d'avoir accompli ce défi personnel. Je suis un triathlète ! Les larmes me submergeront un peu plus tard…
Certes, je ne suis pas dans le hit-parade (je termine 288/339, dont 30 abandons), mais j'en suis très satisfait, l'objectif étant de participer, de le terminer et d'apprendre. La feuille de résultats est très riche en données et permet de se situer par rapport aux autres pour savoir où aller gagner des minutes (et j'en ai de très faciles à aller chercher).
Superbe expérience quoi qu'il en soit, qui sera renouvelée bien avant le Tri-Roc, puisque je compte m'inscrire à celui de Cayeux-sur-mer début Août (un M : 1,5km en mer, 40km de vélo, 10km de course à pied). S'il y a des amateurs… j'ai cru comprendre que certaines personnes allaient également participer au Tri-Roc…
A noter la superbe organisation (il en faut) et les nombreux bénévoles tout au long des parcours (y compris dans l'eau) qui vous encourage tout au long de l'épreuve.
L'album photo des organisateurs